Lutte contre le blanchiment d’argent : La Grande Rencontre des Compliance et Risks Officers ouverte à Lomé

Afrika Compliance Academy (ACA) en collaboration avec la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) et la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF-Togo) tient, les 16 et 17 octobre à Lomé, la « Grande rencontre des compliance et risk officers au Togo ».

Cette rencontre, première du genre au Togo, est placée sous le thème « La conformité et la gestion des risques dans le secteur financier en Afrique ». Elle a pour objectif de renforcer les capacités des professionnels des banques et établissements financiers en matière de conformité et de gestion des risques, avec un accent particulier sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).

Les participants plancheront sur les acteurs et leurs rôles dans la politique de LCB/FT. Ils croiseront leur regard sur l’état des lieux du cadre réglementaire et institutionnel de la conformité et des risques dans l’espace UMOA. « L’intervention du Ri
sk officer et le Compliance officer dans le processus de LCB/FT » sera également discutée. Des réflexions seront aussi menées sur « La KYC et la due diligence ». Les participants échangeront, en outre, sur la justice et les infractions financières en prenant le cas de la LCB/FT

Le gérant de l’ACA, Batchoudi Nikada a justifié la rencontre de Lomé par la nécessité de lutter contre l’argent illicite (issu de la criminalité, de la contrebande, du détournement de fonds par des personnes exerçant une fonction publique, de la fraude, du faux monnayage, de la contrefaçon et autres trafics illicites) qui échappe non seulement aux impôts mais également a une incidence négative sur les économies nationales. Il a fait savoir que cet argent sale peut être source du financement du terrorisme.

D’après l’orateur, au regard du contexte général et à l’environnement économique mondial, la lutte contre le terrorisme n’est plus l’apanage exclusif des Etats. C’est pourquoi, selon lui, les acteurs financiers ont besoin de formati
on et d’outils adaptés au contexte et à l’environnement économique mondial.

Les récentes évaluations du Groupe d’Action Financière (GAFI) par le biais des organes sous régionaux tels que le Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) ont révélé que les Etats d’Afrique sont en rupture de conformité à plusieurs égards. L’Institution a émis des recommandations qui imposent un véritable travail afin d’améliorer et de remédier le rating des Etats de l’Afrique et de rendre le secteur financier africain plus crédible et attrayant. Les actions à mener engagent à la fois les Etats, les Institutions et les Acteurs.

« C’est dans une telle dynamique que se sont inscrits l’Association Togolaise des Compliance Officers (ATCO) et son centre de formation (ACA) en organisant la première grande rencontre des compliance et risk officers au Togo », a poursuivi, M. Batchoudi.

Le ministre de la Justice et de la Législation, Garde des Sceaux, Mipamb Nahm-Tchougli a salué cet é
vénement qui offre un cadre d’échanges de connaissances et d’expériences sur la LCB/FT. Il a souligné que c’est un moment crucial pour affirmer « notre engagement collectif à lutter contre les flux financiers illicites qui constituent une menace contre l’intégrité du système financier ainsi que la stabilité et la sécurité du pays ».

La corruption et le blanchiment de capitaux liés

Le président de la HAPLUCIA, Kimelabalou Aba a affirmé que la corruption et le blanchiment de capitaux sont deux concepts différents de par leur origine et leur mécanisme mais ils sont intrinsèquement liés dans la mesure où les produits de la corruption sont blanchis dans le but ultime d’acquérir une touche légale. En d’autres termes, la corruption est la source nourricière du blanchiment de capitaux.

M. Aba a précisé que les effets dévastateurs de ces deux phénomènes sur le développement de nos pays et la prospérité des institutions financières sont nombreux. Il a signalé qu’au niveau des États, et sur le plan fiscal, la corrupt
ion, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont une source d’évasions fiscales et entraînent une perte considérable des recettes indispensables au développement. Sur le plan de la criminalité, dit-il, le blanchiment de capitaux contribue à rendre les activités criminelles rentables pour les criminels.

Par ailleurs, a poursuivi le président, le financement du terrorisme favorise la commission des actes terroristes qui entraînent les pertes en vies humaines, l’instabilité politique, les déplacements des populations et la destruction des infrastructures de base (hôpitaux, routes, écoles).

Le président de la CENTIF-Togo, Tchaa Bignossi Aquitème, correspondant national du GIABA a précisé que cette rencontre de haute facture planchera davantage sur les attributions du responsable de conformité dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats des participants. Il a fait savoir que le responsable de conformité est chargé, entre autres, de mettre en
place et de faire le suivi du dispositif de LBC/FT ; d’assurer la veille réglementaire à des fins de conformité technique ; d’identifier, d’évaluer et de gérer les risques de BC/FT ; de détecter et déclarer les opérations suspectes.

Source: Agence Togolaise de Presse